A la rencontre de Thierry Gasquez, fondateur de Passion Horlogère

Nouvelle rencontre aujourd’hui avec un passionné d’horlogerie, le co-fondateur de l’association Passion Horlogère Thierry Gasquez. Au programme de cette interview, la présentation de cette association et de son fondateur.

Bonjour Thierry Gasquez, vous êtes le co-fondateur de l’association Passion Horlogère, une association d’amoureux d’horlogerie née en décembre 2009, quels sont les objectifs de votre association ?

L’objectif principal de cette association Loi 1901, c’est à dire à but non lucratif, est de participer à la promotion du patrimoine horloger (article 2 de nos statuts). Cela se traduit tout simplement par le partage de nos expériences et de notre passion entre membres mais aussi avec celles et ceux qui nous entourent ou qui nous suivent sur notre site internet et sur les réseaux sociaux.

Logo de l'association Passion Horlogère

Pourquoi avoir lancé cette association ? Et quelles sont les activités que vous proposez au travers de celle-ci ?

Cette association est née du constat qu’il manquait un liant entre amateurs, collectionneurs, et monde de l’horlogerie. Auparavant j’étais très actif sur internet à travers mes participations sur les forums horlogers, mais très rapidement j’ai souhaité introduire de l’humain dans les relations qui pouvaient s’établir entre amateurs d’horlogerie. Je préfère appeler une personne par son prénom que par le pseudonyme qu’elle s’est choisi sur tel ou tel forum. J’ai donc commencé à organiser des rencontres entre nous, puis avec des acteurs de l’horlogerie, et au final j’ai compris qu’il fallait se structurer si nous voulions continuer à entretenir des relations suivies avec les marques horlogères. Aujourd’hui Passion Horlogère propose toute une série d’activités allant de la rencontre entre amateurs à la visite de Manufactures en passant par des présentations de nouveautés horlogères, des essais de montres au porté sur plusieurs jours, des ateliers horlogers… etc.

Activités de Passion Horlogère

Quelles sont les dernières activités proposées aux membres de l’association ? Des rencontres de passionnés ? Des visites ?

Ces dernières semaines nous avons enchaîné pas mal de présentations de nouveautés horlogères. Ces dernières avaient été présentées à la foire de Bâle et les marques nous ont convié à les découvrir à Paris. C’est toujours un plaisir de découvrir les dernières innovations horlogères lorsque la Manufacture dépêche un horloger ou le concepteur de la montre. L’été devrait être une période un peu plus calme, même si la présentation d’un projet caritatif est envisagée. Nous devons finaliser cela dans les prochains jours avec son concepteur. Puis, à la rentrée nous reprendrons le rythme des dîners, rencontres, et présentations, avec quelques visites de Manufactures en prévision. En moyenne nous organisons 1 événement et une rencontre entre membres par mois.

Activités de Passion Horlogère

Activités de Passion Horlogère

Activités de Passion Horlogère

Activités de Passion Horlogère

Combien l’association compte de membres à l’heure actuelle et comment rejoindre le groupe ?

L’association compte une centaine d’adhérents. Chaque membre est parrainé par deux membres actifs. De cette manière nous nous assurons de bien connaître tout prétendant afin de continuer à assurer l’homogénéité du groupe. Il est important dans une structure comme la notre que les personnes postulantes connaissent bien notre mode de fonctionnement. Pour cela, bien souvent, nous invitons tout candidat à se joindre à nous à l’occasion d’une de nos rencontres pour qu’il prenne le poul de notre association et pour que nous apprenions à le connaître. Par la suite les choses se font naturellement. Et vous savez, chez nous il n’y a pas de discrimination de quelque sorte. Il n’y a qu’un point commun : La passion pour l’horlogerie. Vous pouvez avoir 18 ans, ou 75 ans, posséder une collection valant plusieurs centaines de milliers d’euro, ou une seule montre héritée de votre grand-père dont la seule valeur est sentimentale, apprécier les montres à gousset du 18e siècle, ou uniquement les production contemporaines, vous serez toujours le bienvenu pour partager votre passion. A condition bien entendu que vous appréciez convivialité, humilité, camaraderie et… horlogerie.

Quel est le portait type d’un membre de l’association de Passion Horlogère ?

Comme je le disais dans ma réponse précédente, il n’y en a pas vraiment. Toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées. Il y a des étudiants, des ouvriers, des fonctionnaires, des cadres, des professions libérales, des capitaines d’industries, des personnalités connues et d’autres plus anonymes. Passion Horlogère n’est pas un club de « gentlemen watch lovers » où le but premier serait de se créer un réseau avec une arrière pensée intéressée. Il s’agit d’une véritable association Loi 1901 où l’intérêt premier réside dans le tic-tac des montres que nous possédons. Bien entendu cela n’empêche pas de se créer un réseau d’amitié et/ou professionnel. Il y a d’ailleurs des professionnels de l’horlogerie qui sont membres de notre association. Nous sommes ouverts à tous. Chaque membre est avant tout passionné. Cela se voit dans le comportement de chacun lorsque nous nous réunissons. Cela se lit dans le regard de chacun lorsqu’il découvre une pièce exceptionnelle. Cela s’entend dans les échanges que nous avons lorsque nous nous retrouvons. D’ailleurs je vous invite à venir assister à une de nos prochaines rencontres. Il faut vivre nos rencontres pour réellement pouvoir comprendre et témoigner de ce qu’il se passe en notre sein. Un ami résume cela très bien dans une formule appropriée : « La Passion est en marche ».

Passion Horlogère en mode détente

Vous êtes également avec Emmanuel Lacroix (co-fondateur de Passion Horlogère) à l’origine du livre « 100 montres Cultes », d’où vous vient cette passion pour les belles montres ? 

Cette passion, pour l’un comme pour l’autre nous vient d’une montre. Tout a commencé pour chacun d’entre nous par une montre, notre première. Tous deux pensions que ce serait notre seule, puis en voulant en savoir plus sur elles nous nous sommes laissé entraîner dans ce monde fascinant qu’est l’horlogerie. Et, me concernant, c’est Emmanuel qui m’a converti à la chose horlogère. A l’origine, alors que nous étions amis et qu’il venait d’acquérir la sienne, j’y étais complètement hermétique. Il a réussi à me convaincre, voire à rendre la chose contagieuse. Et aujourd’hui nous sommes tous deux engagés dans une histoire aussi passionnante que le sujet initial. Et je n’ai aucun regret car ce n’est que plaisir et expériences incroyables.

100 montres cultes

Pour le passionné que vous êtes, le choix de 100 montres n’a certainement pas du être évident, sur quels critères vous êtes vous appuyé pour faire ces choix ?

La difficulté n’a pas été de trouver 100 montres, mais plutôt de se limiter à ce chiffre. Nous avons commencé en posant sur le papier toutes les montres qui nous venaient à l’esprit. Sans réellement faire de recherches. Il y en avait 176. Puis nous avons établi certains critères que nous avons croisé pour en ajouter de supplémentaires. Le critère principal était que la montre devait avoir une légitimité. Légitimité horlogère, ou légitimité historique, ou légitimité commerciale, ou les trois, ou seulement deux… Bref, nous avons très rapidement tracé les contours de ce que nous voulions. Mais surtout nous voulions un livre contemporain, c’est à dire regrouper des montres qu’il était possible de s’offrir pour peu qu’on en ait les moyens. Et nous n’avons pas hésité à faire quelques paris sur l’avenir avec des montres et/ou des marques très peu connues du grand public. Le but était de partager notre vision de la chose horlogère (baptisée pour le coup « res horologica ») et d’en faire profiter un public très large. Le choix en devenait alors très subjectif et ouvert à la discussion. D’ailleurs, plus d’un an après l’écriture de ce livre je ne me risquerais pas à parier qu’aujourd’hui je ferai le même choix concernant les 100 montres présentées. Preuve s’il en est que nous avons eu une totale liberté éditoriale, ce en quoi je remercie l’éditeur qui nous a fait confiance.

Le 18 juin dernier, vous organisiez en partenariat avec MisterChrono une rencontre avec les auteurs du livre Moonwatch Only, l’ouvrage de référence concernant l’Omega Speedmaster, quelles sont les prochaines rencontres au programme pour les membres de Passion Horlogère ?

Nous devrions présenter le programme Polio Watch de Marc Alfieri que nous parrainons. Passion Horlogère s’est engagée depuis sa création à participer à de nobles causes. Par le passé nous avons organisé des tombolas au profit de la Croix Rouge, des restaurants du cœur, de l’association ELA, de la Ligue contre de Cancer, et d’autres œuvres caritatives afin de faire rimer Passion avec Compassion. Aujourd’hui nous soutenons ce projet très ambitieux qui veut éradiquer la Polio de la surface du globe. J’invite vos lecteurs à en prendre connaissance et à y participer en acquérant une montre qui a une véritable utilité : http://www.poliowatch.com/fr/#home – (Voir aussi notre article sur MagMontres)

Et en plus elle est belle et signée d’un grand nom du design horloger !

Question peut-être plus indiscrète, quoique… Quelles sont vos 3 marques de montres préférées et vos 3 modèles favoris ?

Alors ça c’est une vacherie !!! (rires)

C’est super difficile de se limiter à 3 marques et 3 modèles. Je suis un passionné, donc j’aime énormément de montres et j’apprécie aussi beaucoup de marques horlogères. Mais je vais essayer de jouer le jeu :

Rolex – Cette marque représente à mes yeux la quintessence de l’horlogerie suisse. Puissance, savoir-faire, tradition, innovations, technologie de pointe… Rolex symbolise tout cela. C’est paradoxalement à la fois une des marques qui communique le plus et dont on sait le moins. Elle affole les collectionneurs, suscite la passion et les rejets les plus vigoureux. Toute la production de cette marque est digne d’intérêt. Les nouvelles Cellini, la Sky-Dweller, ou la nouvelle GMT à lunette céramique bi-colore sont de véritables merveilles de bienfacture. Mais si je ne devais en retenir qu’une, ce serait la Submariner 114060.

Cette montre est l’héritière des premières plongeuses datant de 1953. Elle a connu l’époque mythique des pionniers de cette discipline et les a accompagné fidèlement. Son esthétique semble n’avoir que peu évolué alors que le produit n’a plus rien à voir. Cette montre a traversé le temps sans prendre une ride. Elle peut être portée à la ville comme dans toutes les activités de loisirs ou professionnelles. C’est à mes yeux la « montre tout-terrain », celle que je peux porter au quotidien, en me ré-appropriant le mythe de James Bond. Une montre que j’adore !

Montre Rolex Submariner 114060

Julien Coudray 1518 – On se trouve là dans l’anti-thèse de ce que représente Rolex. Il s’agit d’une marque de Haute Horlogerie, voire de très Haute Horlogerie qui ne se destine qu’à quelques initiés fortunés. Cette marque dont les premiers modèles ont été commercialisés en 2012 est une forme de retour à l’horlogerie d’origine. Fabien Lamarche qui en est le fondateur a voulu créer des montres éternelles. Elles sont pour cela réalisées à 95% (boite et mouvement) dans un matériaux précieux (Or 18ct ou platine pt 950 massif) et ne subissent aucun traitement chimique.

C’est de la pure « folie » horlogère, mais c’est ce qui m’a fait écrire qu’il s’agissait de « montres vraies ». Bien entendu toutes ces montres sont réalisées dans de toutes petites séries, lorsqu’il ne s’agit pas d’une modèle unique. Celle qui reçoit mes suffrages est la Classica 1548. Celle-ci je la rêve mienne, et, comme julien Coudray sait le faire, je la souhaiterais unique, c’est à dire personnalisée. Avec un cadran particulier en émail grand feu peint en point par point, et un fond gravé à la main. Je rêve d’un chef d’œuvre en somme…

Montre Julien Coudray 1518

Montre Julien Coudray 1518

Seiko – Mon troisième choix est délibérément « non suisse ». Non pas par provocation mais par conviction. Je suis passionné d’horlogerie au sens large. La bienfacture n’a pas de frontière pour moi. Il existe de très belles Manufactures allemandes (A. Lange & Söhne) ou françaises (Pequignet), ou des horlogers de génie non suisses (Peter Speake-Marin, Kari Voutilainen, Vianney Halter…etc.). Mais le choix de Seiko a quelque chose de particulier. Cette marque qui a soit disant failli « tuer » l’horlogerie suisse avec sa production de quartz dans les années 70/80 (ce qui n’est pas mon point de vue), pourrait bien participer à sauver de nombreuses petites marques dans un avenir proche. La réduction des approvisionnements de mouvements horlogers par ETA (Swatch Group) pousse certains acteurs à réfléchir à de nouvelles possibilités. Seiko qui produit plus de 300 millions de mouvements par an (chiffres 2010) pourrait offrir une alternative.

En coulisse certains commencent déjà à regarder la compatibilité d’une telle option avec les exigences du « Swiss made ». Mais Seiko, pour avoir visité leurs installations au Japon, c’est surtout la Manufacture la plus intégrée au monde. Ils fabriquent leurs montres de A à Z. 100% des composants horlogers sont internes. Y compris l’organe réglant et même les glaces saphir !! On en vient parfois à se demander s’ils n’ont pas des élevages pour la réalisation des bracelets cuir (plaisanterie). Une immense majorité de leur production est mue par des mouvements quartz, mais les montres mécaniques sont aussi une tradition de la marque. En 2010, lors de mon voyage au Japon j’avais découvert leur marque de belle horlogerie initialement réservée au Japon. Cette année là elle s’ouvrait à l’international. Il s’agit de Grand Seiko ! Et celle que j’aime par dessus tout est déjà mienne. Il s’agit de la Grand Seiko Hi-Beat 36000. La voici présentée dans un article que j’avais écrit.

Montre Grand Seiko Hi-Beat 36000

Montre Grand Seiko Hi-Beat 36000

Voilà pour ce qui est d’une présentation de trois marques et trois montres. Mais cela est un crève cœur car j’adore de nombreux autres produits. J’aurais pu évoquer le Datograph de A. Lange & Söhne, le Duomètre de Jaeger-LeCoultre, la Nautilus de Patek Philippe, la Tonda de Parmigiani Fleurier, la Légion Etrangère de Matwatches, la Giramondo de Barracco, l’Echappement Constant de Girard-Perregaux, la Deepspace Tourbillon de Vianney Halter, la Speedmaster d’Omega, ou encore la Manero Centralchrono de Carl F. Bucherer. Et encore je suis loin d’avoir brossé un tableau complet de toutes les montres que j’aime.

Mais comme tous les amateurs d’horlogerie j’ai des goûts évolutifs dans le temps. Ce que j’aime aujourd’hui a évolué depuis hier, et sera sans doute différent demain.

Enfin pour terminer que portez-vous aujourd’hui ?

Alors aujourd’hui c’est particulier parce que je porte deux montres. Cela m’arrive parfois quand je « teste » des montres. Je porte une Jeanrichard  Graphiscope que je trouve géniale pour l’été (en détails ici). Et une montre qui est un projet spécial pour une unité professionnelle française bien particulière dont je publierai prochainement un article (j’attends encore quelques autorisations officielles).

Montre Jeanrichard Graphiscope

Voila, l’interview de Passion Horlogère, c’est terminé, un grand merci à vous monsieur Gasquez pour votre temps et à bientôt je l’espère sur MagMontres pour suivre l’évolution et les activités de Passion Horlogère. Et à tous, à très vite pour une nouvelle interview de passionnés d’horlogerie !?